Au cœur des thés : un voyage exalté !

De l'Asie à l'Afrique en passant par l'Europe et l'Amérique, les différents thés racontent autant de traditions séculaires que de saveurs millénaires. 
Embarquez pour un fascinant périple à travers les thés du monde avec notre guide Stephan Masquelin, co-fondateur de Tea&Cie.

Le thé : universel et singulier  

Depuis cinq millénaires, la célèbre boisson est accompagnée de nombreuses légendes qui enrichissent son histoire et sa consommation. Ses racines s’ancrent dans l'histoire ancienne de la Chine. 

Preuve de son caractère universel et intemporel : il est aujourd’hui la deuxième boisson la plus consommée au monde après l'eau. 

Le thé revêt également un caractère bien singulier selon les cultures locales. Chaque pays, chaque village et même chaque famille déploie ses propres rites et traditions pour sa préparation et sa dégustation. Si les pratiques varient selon les lieux, toutes reflètent des moments de partage et de la convivialité. 

Ce voyage auquel nous vous convions révèle combien la consommation du thé s’attache aux traditions et valeurs d'une culture donnée. Comme le dit si bien notre guide Stephan Masquelin : « Dis-moi quel thé tu bois et comment tu le bois, et je te dirai qui tu es ».

Les thés d'Asie : entre traditions et sensations  
 
Notre périple débute sur le continent d'origine du thé : l’Asie qui, à travers l’histoire, a toujours dominé la production de cette boisson emblématique.   

Ce continent offre effectivement une palette incroyablement variée de couleurs et de saveurs : thé jaune, blanc, vert, bleu (oolong), noir… Sans oublier les thés sombres comme le pu-erh. Chaque type possède ses propres caractéristiques et méthodes de production, influencées par le terroir et les traditions locales. Le choix du thé est d’ailleurs souvent personnel. Comme le dit Stephan Masquelin : « Le meilleur thé est celui qui colle à l’état d’esprit du moment où on le déguste. »    

Plus récente qu’en Chine, la production de thé en Inde, a pris son essor au milieu du 19ème siècle sous l'influence anglaise. Un épisode fascinant de cette histoire est celui de Robert Fortune, un botaniste et agent secret au service de la couronne britannique. Déguisé en chinois, il réussit à infiltrer l’Empire du milieu et à voler les secrets de la production de thé, ramenant avec lui des machines et des ouvriers. Ce subterfuge a été crucial pour l'établissement de l'industrie du thé en Inde, notamment à Darjeeling et Assam. 
Cet épisode s'inscrit dans un contexte historique plus large. La Grande-Bretagne utilisait le commerce de l'opium indien pour déséquilibrer l'économie chinoise en échange de thé, générant de multiples tensions économiques et militaires.

Les thés d’Afrique : terre d’avenir et d’élixirs 

Pendant des décennies, la production africaine s'est concentrée sur des « thés de masse », souvent appelés "broken" en raison des feuilles brisées destinées aux sachets. Ces thés répondaient aux besoins exponentiels du marché mondial mais leur qualité était souvent jugée inférieure. 

Or depuis une dizaine d’années, l'Afrique fait évoluer sa production et sa réputation en développant des thés de bien meilleure qualité. « Une destination à suivre dans les prochaines années » résume Stephan Masquelin. 

Cette transformation est en grande partie due à l'influence croissante des producteurs chinois qui s'installent dans des régions comme le Kenya et l'Ouganda. 

Leur savoir-faire ancestral et leurs techniques avancées ont ainsi contribué à améliorer les standards de production, permettant à l'Afrique de démontrer son potentiel pour produire des thés de haute qualité. 

Côté consommation, elle varie considérablement selon les régions africaines, chaque pays et communauté ayant ses propres traditions.

Illustrations : 

  • Maghreb : le thé à la menthe, préparé avec du thé vert, des feuilles de menthe fraîche et du sucre, est un symbole d'hospitalité, servi tout au long de la journée. 
  • Afrique de l’Est : le thé noir, souvent mélangé avec du lait et du sucre, est très populaire notamment au Kenya et en Tanzanie. Il constitue un élément central des interactions sociales. 
  • Afrique de l’Ouest : le "attaya", un thé vert très fort et sucré, est préparé et servi en trois étapes lors de longues cérémonies de partage. 
  • Afrique du Sud : le rooibos, un thé rouge sans caféine, est consommé pour ses bienfaits apaisants. 

Les thés d’Amérique : arômes uniques et exotiques 

Le co-fondateur de Tea&Cie, nous invite à présent en Amérique où la consommation de thé est en pleine évolution. Avec des pratiques et des productions qui varient considérablement entre le Nord et le Sud du continent. 

    Amérique du Nord : une production plutôt industrielle 
Aux États-Unis, notamment dans le Mississippi, on observe une montée des productions industrielles de thé. Ces grandes fermes se concentrent sur la production de thé en sachet pour la grande consommation. L'accent est mis sur la quantité plutôt que sur la finesse et la complexité des arômes. 

    Amérique du Sud : des plantations en croissance 
Des pays comme la Colombie et le Venezuela commencent à développer des petites plantations de thé, offrant des productions régulières. Si ces thés ne sont pas encore largement connus au plan international, ils représentent un potentiel de croissance pour la région. Les producteurs sud-américains se concentrent sur la qualité et l'authenticité, espérant se faire une place sur le marché mondial du thé. 

Sur le continent sud-américain, la consommation de thé connaît ainsi une croissance notable. Et pour cause : les consommateurs américains s'intéressent de plus en plus aux thés biologiques et équitables, avec une attention particulière portée à la durabilité et à la qualité. Les salons de thé et les boutiques spécialisées fleurissent ainsi dans les grandes villes, offrant une gamme diversifiée de thés provenant du monde entier. 

Les consommateurs apprécient par ailleurs les innovations telles que les thés aromatisés et les mélanges sophistiqués. « La culture de consommation est dynamique et toujours en évolution dans ce coin du globe » commente Stephan Masquelin.

Les thés d’Europe : de l’émergence prometteuse aux découvertes luxueuses  

Sur le vieux continent, traditionnellement plus consommateur que producteur, ce marché émergent est en pleine effervescence. 

Côté production, la France se distingue notamment par son dynamisme. De fait, l’hexagone dispose d'une terre acide idéale pour la culture du thé. Rien qu'en Bretagne, berceau de Tea & Cie, on compte déjà 15 projets en cours et plus de 40 à l'échelle nationale. Cette filière émergente, encore balbutiante, promet de prendre son envol d'ici une quinzaine d'années. Actuellement, la production de thé en France reste très limitée, ce qui génère des prix relativement élevés. 

Côté consommation, la culture européenne va bien au-delà de la consommation domestique et de cette micro-production. Les boutiques spécialisées et les marchés locaux proposent une large gamme de thés du monde entier, répondant aux goûts multiples des consommateurs européens en quête de qualité et d'authenticité. 

Pour une détente solitaire ou des rencontres sociales, le thé demeure ainsi un symbole de convivialité et d’élégance également à travers l’Europe. Et bien au-delà.

Le saviez-vous ?

Contrairement à une idée reçue, la couleur du thé n'a aucune incidence sur sa teneur en théine et donc sur sa puissance. Ainsi, un thé vert peut être particulièrement corsé alors qu'un autre sera plus doux. La diversité des thés réside dans les méthodes de transformation et les variétés de feuilles utilisées, plutôt que dans la couleur de l'infusion.

Christine barrat sentagne

Un sujet proposé par la fondatrice de Travel Zen, Christine Barrat Sentagne avec la contribution de Stephan Masquelin, fondateur de Tea & Cie.

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